Réforme des retraites, quelles conséquences possibles sur les conditions de travail des séniors ?

Le décalage progressif des conditions d’accès à la retraite interroge sur les répercussions que cela aura sur la santé des travailleurs et sur les solutions à envisager, dès maintenant, pour prévenir les risques.

La population sénior est, de prime abord, moins concernée par les accidents de travail que le reste des salariés (Etude INSEE 2019). L’accroissement de cette population paraît alors, dans un premier temps, bénéfique et notamment pour les entreprises qui pourront ainsi réduire leur taux de fréquence d’accidentologie.

Dans les faits, la population sénior est néanmoins plus impactée par la gravité et notamment les incapacités permanentes et les décès. Cela risque alors de dégrader leur taux de gravité.

Au-delà des chiffres et des coûts financiers associés, c’est donc bien toute l’organisation du travail par des absences plus longues qui pourrait alors être dégradée par ce report de l’âge des départs.

De même, les maladies professionnelles (MP) progressent avec l’avancée dans l’âge. Ainsi, selon les chiffres INSEE, le taux de maladies professionnelles déclarées des moins de 50 ans est de l’ordre de 1,2 pour 1.000 salariés, quand il atteint environ 3,5 pour 1.000 dans la population des séniors.

Si le premier facteur de MP reste de loin les troubles musculos-squelettiques (TMS), ces derniers concernent toutes les populations, sans réelle distinction d’âge, bien que les plus âgés soient légèrement plus concernés (52 % – source INSEE). Les deuxième et troisième facteurs (respectivement les maladies liées à l’amiante et les cancers) concernent, quant à eux, pour plus de 98 %, la population des séniors (50 ans et plus). Pour cause, l’exposition à l’amiante et à certains agents (notamment CMR) est un risque à effet différé. Certes, après une très forte hausse entre 1997 et 2005, les maladies en lien avec l’amiante reculent un peu plus chaque année, mais les maladies professionnelles liées aux cancers restent stables à plus de 1 200 cas supplémentaires chaque année.

Enfin, les risques psychosociaux restent un champ d’étude récent (début des années 2000 – CAIRN), non encore intégrés dans le suivi des maladies professionnelles.

Néanmoins, l’étude menée par Santé publique France de 2015 et mise à jour en octobre 2022 indique que les plus de 55 ans arrivent en deuxième position (après les 45-54 ans) parmi les populations les plus sujettes aux RPS.

Jusqu’à présent, les cadres sont les plus sujets aux RPS. Le décalage de l’âge de la retraite va davantage concerner les CSP non cadres et donc possiblement impacter ces populations qui étaient jusqu’alors un peu plus préservées par les RPS. Une vigilance doit ainsi se porter sur ces populations, afin de limiter l’impact possible du report d’âge de départ en retraite.

Comment prévenir des risques ?

Prolonger son activité professionnelle de deux ans, signifie accroître les risques de développer des souffrances psychiques et des maladies liées au travail. Il est important de noter que ces risques peuvent être réduits grâce à une prise en compte et à une gestion efficace de la sécurité et de la santé au travail.

Le CSE a les prérogatives et les outils pour mesurer et accompagner les salariés exposés à des risques professionnels.

Ainsi, pour entamer la démarche de prévention des risques, nous vous incitons à :

• Mettre en place des mesures préventives, pour anticiper les problèmes et les conséquences des risques liés aux MP et aux RPS.
• Engager une démarche curative. Identifiez les domaines où des améliorations peuvent être apportées et proposez des mesures concrètes pour améliorer ces aspects, en tenant compte des besoins et des attentes des employés et employeurs.

Pour vous aider dans ces démarches, des professionnels reconnus peuvent vous accompagner en proposant de vous former à ces sujets, en intervenant à vos côtés pour identifier les facteurs de risques au sein de votre entreprise, afin d’y apporter des solutions à travers des préconisations.

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